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Le voyage de Tanit

Une famille, un bateau, un voyage... Nous voulions vivre simplement, fuir un monde que nous trouvions de moins en moins tourné vers l'humanisme.

Projet avec l'école des Grenouilles

Publié le 5 Mars 2009 par Tanit in Dossiers pédagogiques

Voici un petit questionnaire qui a été réalisé par les élèves de l'école des Grenouilles et auquel nous avons été ravis de répondre afin de les aider dans leur projet autour de la réalisation d'un article de presse.



Les élèves de l'école en navigation

 


- D'où vient l'idée de partir en bateau tous les trois ?

En fait c’est un rêve que Florent et moi nourrissions depuis longtemps, ceci même avant de nous connaître. Quand Colin a eu 6 mois et que nous avons acheté Tanit, il était évident que nous partirions tous ensemble.
Ce sont aussi des lectures qui nous ont fait rêver :
Bibliothèque de bord

- Quel âge avez-vous ?
Florent est né en 1980, et moi en 1978. Quant à Colin, il a fêté ses trois ans en octobre à Gavdos (Grèce)

- Avez-vous fait le tour du monde ?
Malheureusement non… Partir faire le tour du monde en voilier demande au moins 3 ou 4 ans afin de pouvoir profiter des escales et toujours naviguer avec une météo adéquate. Nous envisageons pour le moment de naviguer quelques années dans l’Océan Indien, mais pourquoi pas continuer après ?

- Qu'avez- vous vu comme pays ?
Avec Tanit, l’Espagne (Asturie et Galice), le Portugal, l’Espagne (Andalousie et Baléares), la Tunisie, Lampedusa (île la plus au sud de l’Italie), Malte, Gavdos (île la plus au sud de la Grèce) et l’Egypte. En février nous rejoindrons l’Océan Indien, le Kenya, la Tanzanie, Madagascar.

- Quel pays avez-vous préféré ?
De notre périple en bateau (car nous avons chacun visité d’autres pays auparavant) nous avons préféré Gavdos. C’est une île située au Sud-Ouest de la Crète, sauvage et préservée. Pas de gros hôtels en béton, pas de transat sur les plages… des gens chaleureux, des oliviers, des chèvres. Sur cette île, il y a une école avec 7 élèves dont 4 frères !

- Est-ce facile de vivre, tout le temps, dans une "maison" à voiles sur l'eau ?
Bien sûr ce n’est pas toujours facile de vivre sur un bateau, mais la vie je crois n’est jamais facile. D’abord il faut savoir vivre en huis clos, nous adorons nous retrouver concentrés sur nous trois dans notre cocon quand nous sommes en mer pour plusieurs jours. Mais c’est cette même proximité qui peut être difficile à vivre quand l’un ou l’autre est très fatigué. Ensuite, il faut comme dans une maison, gérer les aléas de la vie, les pannes et les réparations. Il faut aussi bien s’organiser car il y a peu de place, chaque chose doit être rangée correctement. Colin doit ranger un jeu avant d’en sortir un autre.

- Avez- vous une maison dans un pays ?
Aucune maison. Quand nous rentrons en France, nous naviguons de chez nos parents à chez nos frères et sœurs.

- Quel âge a votre fils Colin ? Les copains ne lui manquent-ils pas trop ?

Colin a donc trois ans. Il vit sur le bateau depuis ses 1 an ½ et nous avons quitté la France pour ses 2 ans ½ .
Il s’adapte très bien à toutes les situations auxquelles nous le confrontons. Mais il est vrai que de temps à autres les copains (et surtout ses cousins) lui manquent un peu. Ce qui ne l’empêche pas de faire des rencontres au fil des escales.

- Où est-il né ? En mer ?
Il est né à Vannes, et à l’époque nous vivions encore dans une maison.

- Aimez-vous naviguer?
Quand la météo est bonne, qu’il y a juste assez de vent pour avancer mais ni tempête ni grosses vagues, nous adorons naviguer. Et puis quand la mer ou Eole nous jouent des tours, nous prenons notre mal en patience et sommes contents d’accoster.

- Est-ce que, lors de vos navigations, vous avez vu des animaux marins ?

Nous avons croisé beaucoup de dauphins communs en Atlantique qui venaient jouer avec notre étrave.
Vidéo dauphins
Nous avons aussi croisé à plusieurs reprises des Globicéphales. Nous avons assisté sans pouvoir filmer à une séance d’apprentissage, une maman apprenait à son petit comment se servir de sa queue pour plonger.
Nous avons vus des poissons lune, un rorqual et quelques tortues...

- Est-ce que vous vous êtes déjà mis en danger à cause d'eux ?
Il est rare de se mettre en danger à cause des mammifères marins car en général ils ne sont pas agressifs. Les bateaux de courses qui vont très vite peuvent percuter par erreur une baleine avec de très gros dégâts pour le bateau et la baleine.
La taille des rorquals nous a impressionnés et il ne faut jamais naviguer au milieu d’un groupe de cétacés car ils pourraient être dangereux par peur.

- Comment faites-vous quand il y a des tempêtes, des mauvaises conditions météo ?
Avant de lever l’ancre nous nous informons sur les conditions météo (par internet en général) et nous essayons de partir quand le vent est favorable sur plusieurs jours. Mais la météo n’est pas une science exacte et nous nous sommes retrouvés plusieurs fois pris au milieu de dépressions peu agréables ; dans ces cas-là, il faut adapter la vitesse du bateau afin de ne rien casser.

- Avez vous rencontré des déchets en pleine mer ?
Il est évident que la mer est polluée et la pollution visuelle m’effraie toujours car tous les déchets que je vois flotter me font penser à tous les autres déchets qui sont au fond. Sans parler de la pollution invisible a priori, comme les produits chimiques.

- Avez- vous déjà été en danger ?
Nous avons eu une fois l’impression d’être en danger, mais nous avons surtout eu peur. Nous nous sommes retrouvés au cœur d’une formation orageuse qui a duré plusieurs heures. Les éclairs se sont rapprochés de nous jusqu’à ce que nous les entendions et les voyions en même temps ! Nous avons mis une masse autour du mât que nous avons fait retomber dans la mer pour éviter que la foudre ne tombe sur le bateau.

- Avez-vous vu des "choses" extraordinaires : paysages, hommes, animaux ?

Le plus extraordinaire pour cette partie du voyage a été l’infini de l’océan. Être seul, sur son bateau, personne à l’horizon, que du bleu… et les dauphins qui viennent vous rendre visite.
Le plus extraordinairement choquant fut l’arrivée d’une barque dans le port de Lampedusa. Cette embarcation précaire comptait à son bord des dizaines d’étrangers, africains, qui risquent leur vie pour rejoindre l’Europe.
Les monuments égyptiens nous ont aussi paru étonnants. Les temples de Louxor et de Karnak sont impressionnants par leur grandeur mais aussi par la perfection de leurs hiéroglyphes.
Les ruines romaines de Bulla Regia en Tunisie sont fantastiques car elles dévoilent la perfection qu’était une ville à cette époque.

- Quel est votre métier ?
Florent est informaticien et photographe mais il a démissionné de son travail à notre départ. Quant à moi je n’ai pas de métier précis, j’ai longtemps été régisseuse sur des long-métrage avant d’être maman ; avant de partir j’étais commerçante mais j’ai moi aussi cessé mon activité pour partir.

- Comment faites-vous pour avoir assez d'argent pour vivre ?
C’est le point le plus difficile. Nous avions fait quelques économies avant de partir avec la prévision de travailler à Zanzibar en décembre. Mais comme en décembre nous n’étions qu’en Egypte nous avons du rentrer pour travailler un peu. Nous repartirons en mars avec de nouvelles économies.
Bien sûr, nos dépenses sont très restreintes du fait de voyager avec notre « maison ».

- Avez-vous déjà manqué de nourriture ?

Nous n’avons jamais manqué de nourriture car nous sommes partis avec plus de 200 kilos de vivres (conserves de légumes, de viande, légumes secs, céréales …). A chaque départ nous faisons le plein de fruits et de légumes que nous arrivons à conserver jusqu’à 15 jours.
Nous manquons de temps en temps, en fin de navigation, de produits frais comme des yaourts ou du beurre car nous n’avons pas assez d’électricité pour laisser le frigo tourner en permanence.
Mais nous comblons ces manques en fabricant notre pain ou nos propres crèmes dessert.


- Connaissez-vous quelques langues ?
Florent parle anglais et italien, et moi anglais et espagnol.


- Comment faites- vous pour communiquer avec les gens qui ne parlent pas votre langue ?
Quand nous sommes dans un pays où l’on ne parle aucune de ces langues (en Grèce ou en Egypte par exemple), nous essayons d’apprendre les indispensables (bonjour, merci, s’il-vous plaît … ). Et souvent, nous nous débrouillons avec quelques mots d’anglais.


- Avez-vous déjà été mal reçu dans un pays ?
Nous n’avons jamais été mal reçus. Et finalement je crois que l’accueil dépend plus des rencontres que du pays en lui-même si bien qu’il n’y a pas un pays en particulier plus chaleureux qu’un autre.


- Avez-vous déjà rencontré des pirates ?
Nous n’avons jamais rencontré de pirates. Nous n’avons pas pour le moment navigué dans des zones connues pour la piraterie (Vénézuela, Philippines, Somalie … ). En revanche, pour atteindre le Kenya nous allons devoir traverser le Golfe d’Aden qui est très médiatisé actuellement car plusieurs bateaux y ont été victimes d’attaques de piraterie (voilier, cargos, super tanker … ). Nous avons rencontré à Ismaïlia, Jean-Yves Delanne, qui a été récemment attaqué à bord d’un voilier qu’il convoyait d’Australie en France. Les actes de pirateries sont un risque, mais il faut savoir que les pirates somaliens sont avant tout des pêcheurs qui vivent dans un pays de non droit où la vie est très dure.
Nous allons donc naviguer dans cette zone en toute connaissance de cause, et c’est pour cela que Florent va partir avec deux amis, tandis que Colin et moi nous le rejoindrons au Kenya. Mais nous savons aussi que les vrais dangers sont ailleurs ( la voiture par exemple).


- Comment faites-vous pour vivre dans un bateau ?
Je vous dirais que nous vivons dans le bateau comme nous vivions dans notre maison, nous avons juste moins d’espace. Mais Colin a sa propre cabine à l’avant alors que nous avons la nôtre à l’arrière.
En mer nous faisons la vaisselle à l’eau de mer car l’évier de la cuisine est alimenté par deux pompes à pied, l’autre étant reliée à nos cuves d’eau douce. Comme nous ne disposons que de 400l d’eau douce nous devons faire attention à notre consommation. Nous arrivons à dépenser environ 5l par personne et par jour (toilette, cuisson, vaisselle…). Que nous utilisions l’eau douce ou l’eau de mer, nos eaux usées sont évacuées vers la mer. C’est pourquoi nous faisons très attention aux produits utilisés en choisissant systématiquement des produits écologiques (toilette, lessive, vaisselle…)


- Côté technique, comment est votre bateau ? Pouvez-vous le diriger à deux sans problèmes?
Notre bateau est un côtre norvégien de 1976 en ferrociment (bientôt nous mettrons en ligne un descriptif précis du bateau spécialement pour les enfants).
Nous naviguons à deux sans problème d’un point de vue technique. Souvent Flo manœuvre seul car je suis avec Colin mais je viens l’aider dès que le vent est un peu fort. La nuit nous nous relayons toutes les deux heures afin d’assurer la veille (vérifier que le bateau suit son cap correctement et qu’aucun gros cargo ne coupe notre route).


- Qu'est-ce que vous aimez bien dans cette aventure ?
Tout ou presque nous tient à cœur dans cette aventure. Bien sûr, de temps en temps, dans les moments durs, nous nous demandons ce que nous faisons là ! Mais c’est avant un choix de vie pour le moment, nous voulons profiter de nous trois et voyager. Ce qui nous motive : l’inconnu, les rencontres, l’imprévu…


- D'où vient l'idée de mettre en contact des enfants de différents pays sur notre avenir ?
Nous n’étions pas encore partis que nous avions déjà mis en place le blog car nous avions besoin de partager notre rêve, donner des clés à nos proches pour les aider à comprendre notre choix. Très vite des gens de tout horizon se sont intéressés à notre histoire, y compris des enfants.
Nous essayons depuis longtemps de nous insérer dans une démarche écologique quant à notre manière de vivre, ce n’est pas toujours facile.
Aujourd’hui, les enfants occidentaux sont largement informés sur le respect de l’environnement et les dangers encourus par la planète. Nous aimerions contribuer à un partage de votre savoir avec des enfants qui manquent d’information.

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A
Nous avons beaucoup aimé votre idée de partir faire le tour du monde :)... Ah ! ça doit être beau ! Même si j'ai quand même voyagé moi aussi...
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B
Coucou, nous venons de lire cet article qui est un bon condensé de vos premiers mille milles, et nous voudrions savoir où est cette école de la Grenouille qui a aussi la chance de naviguer. <br /> Bises M&S
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