Nous avons quitté Aden le 14 mars à 15h sous un ciel bleu. On tire des bords toute la nuit mais on avance… et au petit matin le vent passe progressivement au SE nous permettant de faire un peu de route au 50°-60°.
A partir de la nuit du 15 au 16 nous commençons à naviguer tous feux éteints, on fait route pour Al Mukalla et nous sommes en plein dans la zone à risque pour le piratage… cependant rien à signaler.
Le 16 nous sommes toujours au près, on démarre un peu le moteur car il y a une tendance à la pétole en journée. On pêche le premier Mahi-Mahi (Dorade Coryphène) de Tanit, alors ce soir on oublie le cassoulet en boîte. Ce soir ce sera poisson cru, poisson coco et gâteau à la banane.
La soirée est un peu plus calme que les précédentes mais ça s’énerve à nouveau pendant la nuit. On vit penchés et on s’y habitue… je vois se dessiner les muscles de Colin sur son petit corps bronzé, c’est lui qui compense le mieux les mouvements du bateau. Il a ce que l’on pourrait considérer comme la place la moins confortable pour dormir en navigation : à l’avant, en hauteur… et pourtant il dort comme un loir.
Le 17 au matin, au lever du jour, nous avons la visite d’un hélicoptère de la Marine française, il fait du sur place sur notre arrière puis on établit un contact par radio :
« Hélicoptère, hélicoptère, hélicoptère, ici Tanit, Tanit, Tanit »
« Hélicoptère sur zone pour Tanit, on passe sur le 10, unité, zéro »
« Ok, ici Tanit, je suis là »
« Et qu’est-ce que vous faites là ? »
« On se balade… on va à Al Mukalla puis au Kenya »
« Ok, faites attention à vous, Hakuna Matata »
Finalement le bâtiment militaire prend contact aussi, il veut connaître notre route. Ils arrivent sur nous par notre nord et nous contacte à nouveau. L’opérateur radio me demande notre numéro de téléphone satellite puis le commandant du Floréal nous joint dans les minutes qui suivent. Il veut que je lui explique un peu notre programme et m’informer sur la route à prendre et les dernières attaques. Pour éviter les risques il nous conseille de nous éloigner de la route des navires de commerce n’étant pas une cible privilégiée il faut essayer de ne pas être sur la route des pirates. Nous établissons un contact très sympathique, ils nous escortent toute la journée, l’hélicoptère revient sur zone le lendemain pour voir si tout va bien… finalement c’est assez sympa ce contact français en pleine mer, loin de chez nous !
Nous continuons toujours à avancer au près, laborieusement mais sûrement, le vent nous devenant favorable sur la dernière journée. Nous arrivons à Al Mukalla le 19 mars en fin d’après-midi. Nous mouillons dans le vieux port devant la vieille ville. C’est jeudi soir, soir de week-end, et la ville est plutôt intrigante… nous décidons d’aller tous à terre, on fait les papiers et on fait un tour en ville.
De là où nous laissons l’annexe tout est accessible à pied, c’est très agréable en escale d’être plongés dans l’ambiance citadine. Nous nous laissons guider par les odeurs et les couleurs qui s’offrent à nous, dans le dédale des rues et ruelles autour de la mosquée.
La ville est construite sur une étroite bande de terre séparant la montagne et la mer. L’ambiance est un peu orientale, un peu africaine… le Yemen est pour moi une destination inattendue ; en Egypte, la religion, le voile, le regard des hommes étaient un peu pesant. Ici les femmes sont presque toutes voilées, la prière résonne sur les flancs de la montagne pour nous revenir encore plus intense et pourtant le regard des hommes, et des femmes est différent.
Malheureusement peu de gens parlent anglais ici, dans la rue, et il est difficile de tout comprendre. Comme cette femme qui nous a fait signe, devant un bureau de change près de la mosquée, mettant ses mains à ses oreilles… avant que l’on comprenne que l’employé était à la prière.
Pour les photos, je suis vraiment désolée, mais le débit ici va m obliger a attendre le Kenya...