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Le voyage de Tanit

Une famille, un bateau, un voyage... Nous voulions vivre simplement, fuir un monde que nous trouvions de moins en moins tourné vers l'humanisme.

Hurghada - Djibouti

Publié le 5 Mars 2009 par Tanit in Canal de Suez - Mer Rouge


Comme je vous le disais, nous avons encore changé nos plans;Colin et moi sommes donc partis avec Flo, Minou et Dodo pour le Kenya. Nous avons atterri dans la nuit du dimanche 15 février avec Colin à Hurghada, Flo et Minou étaient là pour nous accueillir avec nos 40 kilos de bagages!


Nous avons simplement réglé les dernières formalités et fait des courses avant de lever les amarres dès mercredi. L'Egypte est un pays bien compliqué en ce qui concerne les formalités d'entrée et de sortie, du moins en bateau. Ne souhaitant plus passer par la Felix Agency pour les formalités de sortie, j'ai voulu les faire seule. Mais il m'a été impossible d'entrer en contact direct avec les douanes, toutes les personnes à qui je me suis adressée me renvoyantinévitablement vers un agent. Saïd, celui qui s'est occupé de notre arrivée a fini par venir me voir et m'a expliqué que les formalités de sortie du territoiresont gratuites à Port Galib alors qu'elles me coûteraient très cher, ici à Hurghada! Nous avons donc décidé de nous contenter de la port clearance, tant pis pour le tampon sur le passeport... cette petite mafia locale ne me plaît pas du tout et après tout, on n'a pas prévu de revenir en Egypte tout de suite.

 
A 13h, mercredi 18, nous quittons donc Hurghada pour Aden, 1000 miles de navigation nous attendent pour descendre la Mer Rouge.Les deux premiers jours sont plutôt calmes, Tanit est à deux noeuds poussée par une légère brise de NE. Nous découvrons ou redécouvrons le plaisir d'être sur l'eau, avançant doucement mais sûrement, sentant tous les jours un peu plus de chaleur. Dans la pétole du deuxième matin, Flo et Dodo apprécient la première visite des dauphins, venus en nombre jouer autour de nous.




Certains à bord, je ne les nommerais pas, voulaient perdre un peu de poids mais ce sera pour plus tard car ce temps nous inspire, Colin et moi, et nous préparons un gâteau au chocolat puis une tarte aux fraises façon macaron. Pâtes bolognaises, salade composée, pommes de terre sautées... nous ne nous laissons pas abattre. Seulement, à ces deux jours de calme vont succéder trois jours un peu plus sportifs sur une mer agitée.


Bien sûr on a vu pire, car la Mer Rouge reste tout de même assez sereine, mais nous filons au portant grâce à un vent de Nord, force 4 à 5 et à cette allure, si les miles défilent vite, le roulis ne nous laisse aucun répit. Minou est le premier à faire un petit vomi et je lui emboîte rapidement le pas. Chose qui ne m'était encore jamais arrivée, je reste bien patraque pendant trois jours, incapable de m'activer trop à l'intérieur malgré les réclamations de Colin.

Heureusement Dodo et le Capitaine sont en pleine forme bien que fatigués par les quarts, avec Colin se sont les seuls à ne pas être atteints par le mal de mer. Bien sûr je n'arrive plus à mettre la main sur le Mercalm, j'en avais pourtant rapporté deux boîtes, et je me soigne donc à l'homéopathie (Cocculus Indicus) et à l'huile essentielle de citron, remèdes qui s'avèrent d'ailleurs très efficaces.


Vendredi soir, Flo a voulu mettre le moteur en route pour faire un peu d'énergie car les nuages empêchaient notre panneau solaire d'avoir un bon rendement. Nous avons tout de suite entendu un bruit suspect et faisons face, un peu découragés, à une nouvelle panne. C'est encore l'inverseur qui nous joue des tours, une pièce à lâché dans le carter du boîtier de vitesse. Le point positif est que sans moteur mais avec le vent et le soleil qui brille maintenant nous étalons notre consommation d'énergie (en ne faisant fonctionner que les lampes à Leds et sans le frigo bien entendu). Le point négatif étant que cette réparation nous oblige à changer de cap pour nous rendre à Djibouti et va sûrement nous coûter cher alors que nous n'avons pas vraiment le budget pour ce genre d'imprévus.
Et puis Flo, à son grand enchantement, doit passer des heures la tête à l'envers dans le moteur en composant avec les joies du roulis.

 Yes for peace est affalé, on continue à avancer avec deux ris dans la trinquette et deux ris dans la grand voile. Et on troque les petits plats pour les raviolis et le cassoulet....

Lundi, revient enfin une mer calme, nous filons toujours au portant et les mouvements du bateau se font moins brusques... il est plus facile de s'habituer au roulis de la longue houle!



Le vent n'a pas vraiment faiblit mais nous hissons quand même le grand génois. Première pêche de la Mer Rouge, et pas des moindres puisque nous ramenons deux barracudas dont un de 80 cm. On sort les livres de cuisine pour s'inspirer car nous nous retrouvons avec quelques kilos de filets à cuisiner: beignets et sauce coco pour le soir, parmentier pour le lendemain. Malheureusement je ne l'ai pas assez cuit et nous sommes obligés de le jeter, ce n'est pas le moment de se rendre malade mais je suis énervée contre moi-même.  Par chance, à peine une demi heure après avoir posé la ligne nous en pêchons un autre. En ce mardi matin, poussés par un vent de NE de force 3 nous sommes à 400 milesdes îles Hanish où nous avons prévus de stopper si le vent tournait au sud.

Cela fait une semaine que nous sommes en mer quandle capitaine fait son premier quart en tee-shirt. La nuit est calme, le vent de Nord a faiblit. Au petit matin la mer est belle... on pêche notre quatrième barracuda. Flo nous prépare donc du poisson pané avec du boulghour de sarrasin. On profite de cette journée tranquille pour réparer le moteur, enfin... à l'africaine. Minou prend son courage à deux mains pour plonger dans le grand bleu car il faut pousser sur l'hélice afin de repositionner l'arbre  pour pouvoir au moins utiliser la marche avant. Finalement ce petit bain lui plaît... il enchaîne un petit plongeon et le capitaine le suit.


Le 26 et le 27 nous battons des records: 11 miles en 14h puis 30 miles en 24h... une journée au près dans 15 noeuds de vent.

Samedi 28, vent de N/NE sur mer agitée. Le moteur casse régulièrement et il faut ré-enclencher à la main à chaque fois, la galère. La météo annoncée n'est pas terrible, 25 à 30 noeuds prévus mais toujours de Nord. On va pouvoir changer de régime, y'en a marre du barracuda...! Et on est bien content de pêcher un gros thon. On va enfin pouvoir manger du poisson cru... quel délice! On continue le repas avec une tranche de thon grillé avec du riz puis on termine par la crème de Mémé Paulette.

Le vent de nord ne s'arrête plus, comme prévu, mais la mer reste peu agitée ce qui rend les derniers jours de navigation bien agréables. Une couture éclate sur YFP, 50 cm de couture pour le capitaine. On l'aime bien notre génois mais c'est vrai qu'il a fait son temps, va falloir s'y faire.


On décide de ne pas faire d'escale jusqu'à Djibouti afin de profiter de ces conditions que nous n'aurions su rêver. Du Nord pour passer Bab el Mandeb à cette époque ça ne se refuse pas. A une moyenne constante de 6 noeuds, sans doute aidés par le courant, le détroit file sous nos yeux, on rencontre nos premiers boutres et le 3 mars au matin nous arrivons à Djibouti sous une chaleur écrasante.


L'escale n'était pas prévue, pour les vivres elle nous coûtera sans doute plus cher qu'Aden, mais quel bonheur de trouver enfin l'Afrique, ses couleurs, ses senteurs et sa joie de vivre. Nous prenons doucement nos marques dans cette ville que nous ne connaissons pas. Les Djiboutiens sont adorables et toujours prêts à nous renseigner. L'ambiance est bien contrastée avec Hurghada, ici nul besoin de marchander, personne pour essayer de vider vos poches à la moindre occasion.


Minou achète ses premières branches de khat et va "khater" avec les gars du port. Il y apprend que le khat arrive quotidiennement du Yemen, escorté par la police locale. Partout dans les rues on trouve des petits stands aux couleurs de cette plante.... Les effets n'ont pas l'air très importants... sans doute pour ça que c'est légal et si répandu.


Nous venons d'arriver et commençons donc par nous affairer aux  tâches d'après navigation (lessive, eau, gasoil...). Nous ne savons pas encore combien de temps nous allons rester car nous attendons notre pièce. Une fois de plus, grâce à Francis et Jérôme, nous nous en sortons bien. Ils nous ont trouvé une pièce d'occasion à 150 euros (contre 1000 neuve), et grâce à l'ambassade le colis est parti avec le service des armées (50 euros contre 300 pour Chronopost).


J'essayerais donc de revenir vous raconter l'escale avant le départ. Car je serai ensuite dans l'impossibilité de vous donner des nouvelles pendant au moins 15 jours, selon que l'on rallie les Seychelles ou directement le Kenya.


En ce qui concerne petit Colin cette navigation m'a rassurée. Je crois qu'il est encore un peu petit pour trouver le temps long, il demande rarement: "Quand est-ce qu'on arrive?". Les premiers jours ont été un peu plus difficiles car lui aussi a dû reprendre son rythme après ces deux mois à terre. Mais finalement il me réclame tous les matins de faire l'école et nous avons fait un cahier d'exercices entier en 15 jours. Il se réveille en général à 6h au moment où Flo prend son dernier quart. On commence systématiquement la journée par un grand biberon de chocolat chaud (bien difficile à préparer dans certaines conditions...) puis en général on attaque tout de suite l'école. Je lui demande ensuite de jouer un peu seul, il se raconte des histoires, fait du bricolage ou du dessin. Il a découvert depuis peu les jeux éducatifs sur l'ordinateur et s'amuse beaucoup avec jeu Kirikou très bien fait. Mais il aime aussi faire quelques courses de voiture avec son Papa. Quand la météo le permet nous faisons un gâteau ou du pain pour l'équipage. Nous déjeunons en général vers 11h et dînons vers 18h, vivant ainsi au rythme du soleil.



 



Enfin, je voulais remercier notre famille et nos amis pour leur soutien, ainsi que les lecteurs du blog qui nous laissent de gentils commentaires, toujours agréables à lire. Vous êtes nombreux à nous réclamer plus de photos et plus de films. Pour les photos, nous avons une nouvelle batterie pour l'appareil et cela va donc être mieux. En revanche, grâce à l'incompétence totale de la Fnac qui a égaré des accessoires de notre caméra lors d'une réparation, je suis dans l'incapacité de mettre des films en ligne. Si ce problème, qui dure tout de même depuis novembre, est résolu un jour, je mettrais en ligne plusieurs films en même temps.

 

 


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A
Je suis de tout coeur avec vous. Vous avez eu 1000 fois raison de partir et de suivre votre reve commun. Ce qui est arrive n'a rien a voir avec vos choix. Courage, on vous admire et on vous aime.
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N
Chers amis, j'ai suivi vos aventures et je suis évidemment très triste pour vous mais je ne voudrais pas que ce message se rajoute à votre peine . j'ai envie de vous dire que vous êtes des gens extraordinaires , ne regrettez rien, ce n'est pas votre faute, il n'y a pas eu d'erreurs de votre part, c'est comme un accident...Je crains d'être maladroite, je voudrais alléger votre peine même si je sais que ce n'est pas possible . Soyez sûr que je pense à vous et que je vous admire.j'embrasse très fort Colin et sa maman.<br /> très amicalement<br /> nathalie
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J
Bon courage pour ces terribles épreuves qui vous attendent.<br /> Colin peut-être fier de son père, j'espère que vous aurez la force de suivre le chemin tracé par Flo.<br /> B Moitessier lui laissera un bout de place dans le carré.<br /> Bises
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G
Chloé, Colin sachez que l'on est avec vous. Si vous avez besoin de nous sache que nous sommes là tendrement lati, fred , maxence
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C
On ne se connait pas mais je voulais vous formuler tout mon soutien,je sais malheureusement ce que vous vivez actuellement car moi aussi mon mari a été tué par des bandits au Vénézuela à bord de notre bateau et je me retrouve seule avec mon fils de 10 ans. N'hésitez pas à me contacter si vous souhaitez échanger quelques lignes ou plus. Bon courage à vous et à votre entourage.
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