Ce livre dont j’attendais la sortie depuis décembre est enfin sorti. Il s’agit de « Pirates et Commandos – Les secrets des opérations spéciales » de Patrick Forestier, publié aux éditions du Rocher.
Je tiens tout d’abord à préciser pourquoi j’étais si impatiente de lire cet ouvrage.
En décembre, en feuilletant un magazine publicitaire d’une grande enseigne, j’ai eu l’agréable surprise de nous voir, en gros plan, en couverture de ce livre. Il s’agissait d’une photographie de l’armée sur laquelle nous sommes mis en joue. Ces photos ne sont pas autorisées à la publication 11 mois après les faits.
Je m’étais alors renseignée sur l’auteur afin de savoir quel journaliste pouvait à ce point vouloir user de sensationnel pour un livre censé être un document d’investigation.
Patrick Forestier est donc grand reporter chez Paris Match depuis 1979 et a réalisé des reportages pour TF1 et M6.
Le chapitre concernant Tanit s’étale sur 17 pages, dont 30% du texte est une reprise, précisée ou non, de notre blog. Cependant, je pense, vue les erreurs, qu’il ne l’a jamais lu.
Il promettait de nous révéler les secrets des opérations spéciales et je m’étais consolée en me disant qu’un contact très bien renseigné l’avait sûrement aidé, ainsi j’apprendrais peut-être encore des choses sur les pirates, les commandos ou la Somalie.
Mais je suis très étonnée aujourd’hui, après avoir lu son livre, de voir l’angle sous lequel il a abordé les faits.
Sachant qu’il n’avait pas contacté Jean-Yves Delanne non plus, je m’étais un peu renseignée sur ses rapports avec l’armée et avait appris qu’il n’entretenait aucune collaboration solide.
Comment peut-on, en tant que grand reporter, publier un livre et relater des faits sans les vérifier, pour chaque chapitre?
Monsieur Forestier ne m’a en effet jamais contactée, il n’a pas rencontré mes équipiers, ni mon avocat, ni l’avocat des pirates. Il n’a pas eu accès aux informations officielles puisque, comme il le dit à Jacques Pradel : « Il y a une enquête en cours ».
Il va donc nous dévoiler les secrets les mieux gardés du monde, mais est-ce encore un récit journalistique au service de l’information?
Car après tout, tout au long de ce livre les seules informations à priori en possession de l’auteur, sont des rapports succins donnés par l’Etat-Major ou des bruits de couloir.
Dans son livre, Monsieur Forestier parle de 14 pirates qui auraient participé à l'abordage. Et les inexactitudes sont nombreuses. Mais comment peut-il rependre cette erreur communiquée le lundi 6 avril par Ecoterra si ces sources viennent de l'Etat-major?
Mon souci étant avant tout de savoir si je peux croire ce qui est écrit dans les autres chapitres?
« Pirates et Commandos – Les secrets des opérations spéciales » est donc la parfaite illustration de ce que peut donner l'exercice du pouvoir "d'informer" par certains journalistes.
Voyant que l’auteur n’a même pas trouvé étrange que nous nous retrouvions à l’entrée du Détroit de Bab-el-Mandeb après trois jours de navigation, cap sur les Seychelles, et l’entendant rire grassement de ses propres blagues auprès de Monsieur Pradel (lui-même connu comme étant un excellent journaliste, fuyant le sensationnel), je ne vais pas prendre la peine de revenir sur les 17 pages qu’il nous a consacrés.
Je me fais une joie de publier le lien de son intervention chez Jacques Pradel sur Europe 1, qui montre bien son niveau de connaissance du terrain et de la mer.
Illustration:
"Cette prise d'otage dure à peine une semaine", en parlant du Carré d'As (14 jours de captivité)
"Ils ont rencontré Jean-Yves et Bernadette qui leurs ont dit: "méfiez-vous"" (non seulement nous n'avons pas rencontré Bernadette et les propos échangés avec Jean-Yves furent autres)
"Pour un voilier c'est encore plus terrible, c'est en bois." (Oui, mais Tanit est en ferrociment)
"Lorsque les commandos sont descendus dans une des carrés du voilier" (Oui, heu, c'est-à-dire?)
"Vous descendez dans une cabine tendue avec des lampes"
(Photo prise en Bretagne, du cockpit)
"Il y a une enquête en cours, est-ce qu'elle va aller jusqu'au bout?" (Que cela signifit-il?)
"Un hélico vient les voir, on leur dit "Pas par là"" ( Ils nous disent exactement Hakuna Matata sans vouloir jouer sur les mots)
"Ah oui Lalanne" (Non, non, Delanne Monsieur Forestier)
"Ces sont des vrais pirates, des corsaires, des pirates de guerre... ils veulent gagner, ce sont des gagnants" (Et bien oui, à priori ils ne font partie d'aucun jeu de rôle, c'est leur moyen de survivre)
Emission Café Crimes sur Europe 1 (11/04/2010)
Article modifié le 10 mars puisque Monsieur Forestier me menace de poursuites pour diffamation.