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Le voyage de Tanit

Une famille, un bateau, un voyage... Nous voulions vivre simplement, fuir un monde que nous trouvions de moins en moins tourné vers l'humanisme.

An 0 - AVRIL 2020

Publié le 8 Avril 2020 par Tanit in Pensées

Il y a onze ans, jours pour jours, j'étais confinée sur un voilier de douze mètres avec mon mari, notre fils et deux amis, ainsi que cinq pirates somaliens.
 
Toute la dualité de notre Monde réunie dans un petit univers, notre cocon protégé par une déesse venue des terres sacrées se muait en couveuse de toutes les injustices.
 
Nous étions heureux, nous étions amoureux, anti-capitalistes, anti-mondialistes, anti-militaristes, ni hippies ni beatniks, juste un couple de la génération X qui ne voulait pas rentrer à toute berzingue dans le monde que la société semblait vouloir lui confectionner, juste un homme et une femme réunis par leur amour et leur Amour du Monde.
 
Un homme et une femme unis autour de leur fils, avec l'utopie... ou l'espoir, de pouvoir se créer une vie plus simple que celle qui leur était vantée par les boîtes à images qui envahissent les rues et les maisons depuis qu'ils savent marcher.
 
Ils étaient cinq, ils étaient affamés, apeurés, perdus, armés... et ils en avaient rien à foutre des problèmes de la génération X ou Y. Certains étaient trop jeunes pour avoir mangé le riz envoyé par nos écoles mais ils avaient tous l'âge d'avoir connu la guerre et le chaos qui ont suivi la chute de Siad Barre. En fait, pour la plupart, ils n'avaient jamais connu que çà.... le chaos et la guerre.
 
Cinq hommes , frêles et fragiles, que la misère et l'espoir... ou l'utopie, avaient guidés à 986 km de leur pays en quête d'un monde meilleur pour eux et leurs familles, un monde où la consommation serait possible, dans sa plus simple représentation: manger, se soigner, se vêtir...
 
Vous qui me lisez ne le savez sans doute pas, mais je suis morte le vendredi 10 avril 2009, au large de Ras-el-Hafun, quelques heures avant que le soleil ne se couche sur l'océan Indien, quand mon mari s'est éteint sur mes genoux, tombé sous une balle française tirée à bout portant par un soldat des Forces Spéciales, dans la clarté et la lumière où baignait Tanit sous ces latitudes lointaines, et avec la précision de la visée laser digne de l'armement d'une des plus grandes puissances mondiales.
 
Loin de moi l'idée de faire pleurer dans les chaumières, mais c'est un fait.
 
Je devrais presque remercier M. Sarkozy de son immoralité pour les faits qui vont suivre, finalement cela m'a tenue éveillée et en alerte, cela m'a poussé à survivre pour ne pas abandonner mon fils au milieu de ces charognards.
 
Je ne saurai jamais pourquoi, malgré les feux rouges du Commandement en charge de l'opération, M.Sarkozy a décidé de lancer l'assaut et de mettre en danger ses soldats.
 
Est-il vraiment possible qu'il ait cru un seul instant que cela réduirait les actes de pirateries et que cela ferait avancer le schmilblick, ou plus simplement, son orgueil était-il devenu aveugle face à la grande victoire de l'Amérique et d'Obama, grâce au Capitaine Phillips, le 8 avril, à quelques centaines de kilomètres de nous.
 
Quelque soit le but qu'il visait, il n'a pas lésiné sur les moyens, au propre comme au figuré.
 
Ils m'ont obligée à me battre pendant deux ans pour finalement consentir à un laconique communiqué dénoué de toute humanité, cela va sans dire.
 
Ils ont tenté de me manipuler avant même de m'avoir annoncé la mort de Florent... je portais encore son sang et l'espoir de prendre soin de lui, mais organiser leur communication était leur priorité.
 
"Ils"... ce ne sont que trois personnes au départ: M.Sarkozy, M.Georgelin et M.Guéant (le trio gagnant). Ils ont manipulé et menti à leur propre armée, à leurs ministres... puis leurs ministres ont menti aux journalistes... les militaires ont menti à la justice... les journalistes ont menti aux citoyens...
 
Je ne veux pas revenir en détail sur ces événements. Je veux juste retrouver le goût de la vie et l'utopie de croire que je ne laisserais pas toute cette merde à notre fils.
 
Seulement, force est de constater que tout part en couille. Mensonges, manipulations, corruption, foutage de gueule des citoyens... n'en jetez plus, tout s'empire!
 
Je sais ce que j'ai vu et entendu, dans les limbes du pouvoir, pendant ces deux années de lutte. Quand je pense à ce qu'il ont été capables de faire pour tenter de tourner notre histoire à leur avantage... j'ai le tournis... nous n'étions que de petits pions dans leur jeu... de quoi sont-ils capables?
 
Je ne supporte plus l'indécence des gens qui nous gouvernent.
 
Je vomis leur hypocrisie, leur lâcheté et leur bêtise.
 
Je voudrais cracher sur toutes ces marionnettes qui nous débitent des salades à longueur de temps, aidés par un journalisme à sensations, à mille lieues de Zola et de son engagement pour l'injustice.
 
D'ailleurs, quand je pense aux millions que coûtent tous ces spécialistes engagés par l'état et aux heures qu'ils passent à tenter de nous faire passer des vessies pour des lanternes, çà me fout encore plus la haine.
 
Nous sommes gouvernés par des abrutis (avant, maintenant et sûrement plus tard si nous ne faisons rien), quelque que soit leur bord ils sont incapables d'être compétents dans leur incompétence!
 
Nous avons donné le pouvoir aux imbéciles, des bêtes savantes de l'ENA peut-être, mais pour autant cela ne définit en rien leur intelligence; en fait nous avons laissé les insensibles prendre le contrôle de nos vies: les politiques, les banques, les grandes entreprises...
 
Non pas parce que nous n'en sommes pas capables, mais parce que nous ne sommes pas guidés par les mêmes essentiels.
 
De ce fait, la stupidité a envahi le système, elle s'est érigée en maître suprême et malheureusement, nous sommes nombreux à avoir suivi sans réagir.
 
Bien sûr il y a eu des manifestations, des grèves, des journalistes, des activistes tués pour avoir osé déranger et toute une palette de réactions que l'on peut observer quand les règles ne sont pas naturelles.
 
Mais aujourd'hui, en avril 2020, cela ne va pas suffire si nous voulons que cela cesse.
 
Le confinement me fait sortir de mes gonds moi qui n'ai rien écrit ici depuis bien longtemps. La colère me ronge depuis onze ans maintenant.. ou peut-être plus finalement car je me souviens que toute petite, l'injustice me foutait déjà les nerfs à vif.
 
Au début, je me tenais très informée et tous les jours ou presque, l'immoralité de notre système me sautait à la gueule me donnant envie, presque, de prendre les armes pour finalement les troquer contre les larmes... trop souvent.
 
Pour le bien de mon fils, j'ai décidé de m'éloigner, physiquement et intellectuellement, afin de ne pas réveiller mon ire tous les matins. J'ai choisi le chemin du colibri, j'ai choisi la petite forêt que je voulais tenter de sauver des flammes et je me suis concentrée sur mon chemin.
 
Mais aujourd'hui, en avril 2020, cela ne va pas suffire si nous voulons que cela cesse.
 
Toutes nos initiatives, solidaires, écologiques et citoyennes... toutes ces communautés qui se créent aux quatre coins de la France doivent créer du sens au sein même de la démocratie et de notre société; elles doivent, elles aussi, être inscrites dans les lois. Et devenir la normalité, tout simplement, pour les générations à venir.
 
Je ne veux plus de ce système immoral.
 
Je veux une économie bonne et vertueuse pour TOUS.
 
Je ne veux plus de mensonges, de manipulations, de conflits d'intérêts.
 
Je ne veux plus de ce système qui va nous mener à l'abattoir.
 
Je veux une société juste et morale pour TOUS.
 
Je ne veux plus de ce monde où les lois sont dictées et votées pour les plus riches.
 
Je ne veux plus de cette société qui crache sur le sol qui la porte.
 
Je veux une France, un Monde, où les règles seront justes et loyales.
 
Je veux une France, un Monde, où les lois seront choisies pour le bien commun de notre planète.
 
Je veux une France, un Monde, où nous n'épiloguerons pas des semaines sur le choix d'un traitement ou sur l'efficacité de porter, ou non, un masque.
 
Vous rendez-vous compte du temps et de l'énergie partis en fumée depuis le début de cette épidémie... pour Rien!
 
Vous rendez-vous compte que nous en sommes à nous étriper, bien confinés dans nos canapés, au détriment du bien commun?
 
Vous rendez-vous compte que nous sommes en train de nous diviser autour de la mauvaise cause?
 
Dans quelques semaines, nous sortirons du confinement, pour la plupart bien conditionnés par BFM, CNews et autres boîtes à conneries, et malheureusement nous risquons fort, comme de bons moutons, de continuer à courir vers la falaise.
 
Certains manifesteront bien sûr, nous ne laisserons plus les infirmières seules sous les semelles des CRS quand elles réclameront des moyens pour les hôpitaux, les gilets jaunes retourneront sur leurs ronds-points... mais au fond, rien n'aura changé, et nous oublierons vite!
 
Je ne veux pas oublier!
 
Je ne veux plus de pierres tombales hypocrites, comme il a été donné à Antoine de Léocour et Vincent Delory, morts pour la France... morts pour quelle France????
 
Je veux une France où ceux qui nous gouvernent auront les couilles d'admettre leurs erreurs et la capacité intellectuelle de comprendre que les citoyens peuvent l'entendre!
 
Je veux une France où nous pourrons avancer, tous ensemble, grandir de nos erreurs, apprendre, évoluer...
 
Je veux un monde où les lobbyistes changeront de métier et où les patrons du CAC40 cesseront de dicter leurs lois.
 
Je veux un monde où Liberté - Egalité - Fraternité rimeront avec Eduquer -Soigner - Planter
 
Nous devons nous battre, nous devons reprendre les rênes avant la prochaine pandémie... quitte à mourir ou à être morte, autant mourir pour un monde meilleur, non?
 
Je pense vraiment que la France regorge de gens sains de corps et d'esprits, qui tous ensembles pourront trouver le chemin d'une nouvelle démocratie sans succomber aux chimères du Pouvoir.
 
Je suis prête à suivre cette France et à me battre pour elle.
 
Je veux juste retrouver le goût de la vie et l'utopie de croire que je ne laisserais pas toute cette merde à notre fils.

 

 

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